Un peu d'histoire
La communauté de Campan, plusieurs fois millénaire, a acquis au cours des âges, une forme originale d’indépendance. Déclarant les pâturages et la forêt indivis à perpétuité, instituant la propriété privée avec pratique du droit d’aînesse tempéré (accessible aux femmes), créant un admirable réseau de circulation des eaux assorti d'un système complexe de répartition, nous vous présentons la « Republica deth loc » qui consacrera tous ses efforts à l'élevage et à la gestion du patrimoine.
- Dès le 14ème siècle, grâce au Roi Philippe IV le Bel qui vient d’acquérir « droit de mouvance » sur la Bigorre et par un jeu d’échange de fiefs, les Campani deviennent les Vassaux du roi de France.
- En 1429, Campan est admis comme « Lieu » et obtient 2 représentants aux états de Bigorre aux côtés des seigneurs, du clergé et de quelques « Villas » dont Bagnères la puissante voisine.
- En 1594, rédaction du 1er règlement sur l’élection des Consuls.
- En 1607, par l’édit du 8 juillet, Henri IV confirme le rattachement de la Bigorre à la Couronne, comme bien patrimonial. Campan proclame son allégeance.
- En 1619, rédaction du texte fondamental de la communauté : « Déclaration et dénombrements des droits, privilèges et franchises, libertés, usages et facultés de la Vallée de Campan ».
Campan est dès lors reconnue comme « seigneurie roturière » qui élit ses six consuls chaque année, ses juges de police chargés de régler les différents surgis des « servitudes urbaines et rustiques », ses marguilliers, gérant les finances de l’Église et choisit ses régents « à la dispute ». En 1748, il y a six maîtres d'école au Bourg et dans la vallée. Les Consuls réunissent la « Veziau » (assemblée des chefs de famille), rendent justice civile et sanctionnent les délits mineurs. Ils décident des dates de montée et descente de bétail, taxent la viande, le pain, le vin, règlent l’affermage des moulins fariniers, scieries, foulons et salinière. Chaque quartier peut avoir son moulin ; il y en a près d'une soixantaine dans la vallée.
Les églises, chapelles, oratoires, montjoies, plus d'une quinzaine, à toutes les hauteurs, expriment la foi profonde des Campanois.
La communauté est sans cesse en lutte pour maintenir l'intégrité de son territoire contre les entreprises de ses voisins, le Baron de Baudéan, le Vicomte d'Asté, les puissants consuls de Bagnéres. De plus, les Campanois doivent se soumettre, bon gré, mal gré, aux pouvoirs des intendants, « aux invitations » des grands seigneurs, « aux orientations » de leur évêque dont ils proclament la protection.
Dans ces situations difficiles, ils pratiquent une subtile diplomatie, exercice où ils excellent. En définitive, malgré de nombreuses tentatives, personne n'a jamais porté le titre de « seigneur de Campan ».
La vallée demeure à l'abri de pillages et destructions qui ravagent la Bigorre aux 15ème et 16ème siècles. Sa population croit sans cesse, dépassant les 3500 habitants à la veille de la révolution.
De nombreux campanois ont eu de hautes responsabilités ou ont acquis une certaine réputation. Plusieurs d'entre eux ont « fait le voyage à Paris » pour y défendre sur place les intérêts de la communauté. Des Cazaux, des Torné, ont été receveurs des finances de Bigorre ; un Galiay, maitre des ponts, routes et chemins ; un autre Galiay horloger à Versailles du Roi Louis XV ; Madame Campan, dame de compagnie de Marie-Antoinette a des ancêtres à Campan ; Dominique Gaye-Mariolle, enfin, devait devenir premier sapeur de France...
C'est donc un peuple qui va rentrer dans l’ère révolutionnaire, sans excès, comme toute la Bigorre d'ailleurs. A Campan, pas d'effusion de sang, pas d’émeute, pas de chaises d'église brûlées, pas de cloches fondues, pas de carnaval de la religion, pas de comité de salut public agressif... Les Campanois vont accueillir les idées nouvelles mais, à l'encontre de beaucoup d'autres communautés, ils ignorent la servitude et possèdent déjà ce que l'on pourrait appeler, une « citoyenneté ».
La formidable présence d'un long passé historique pèsera donc sur leurs engagements. Durant toute cette période révolutionnaire, leur souci majeur sera de maintenir l'autonomie, l'unité de la communauté et l'intégrité de leur territoire.